Sienne, perle médiévale de la Toscane

Image représentant la conférence  Sienne, perle médiévale de la Toscane
02_Histoire de l’art

Sienne se trouve au cœur d’un terroir vallonné partagé entre les oliveraies et des vignes d’un Chianti verdoyant et l’aspect cendré et minéral des crêtes désertiques. La ville s’appuie sur trois collines reliées par trois voies principales donnant accès à dix-sept quartiers historiques. Sienne ignore la ligne droite, les rues sont ici sinueuses et on peut s’y perdre sans crainte.

Quant à son histoire, elle est très ancienne. Vieille cité toscane, durant l’Antiquité, Sienne fut d’abord étrusque puis romaine. Son véritable essor débuta durant le Haut Moyen Âge, la cité jouant alors le rôle de dernière étape de la via Francigena, la célèbre route de pèlerinage qui conduisait du nord de l’Europe jusqu’à Rome ! Enrichie par l’économie du pèlerinage, le commerce et la finance, Sienne fut au XIIème siècle très proche de la papauté. Puis les Siennois instaurèrent un pouvoir communal au détriment du pouvoir de l’évêque. Le pape n’apprécia guère. Plus tard, en 1260, Sienne infligea à Florence, sa concurrente, une défaite militaire retentissante à Montaperti. C’en était de trop, la coupe était pleine et Sienne trop ambitieuse, trop libre fut punie par le pape ! Les sanctions économiques qui la frappèrent ne provoquèrent pourtant pas sa chute. Au contraire, le projet communal s’en trouva renforcé comme le montre le développement aux XIII-XIVème siècles d’un urbanisme ambitieux et réfléchi auquel l’aspect de la ville actuelle doit beaucoup. Non, Sienne déclina sous les coups de la grande peste de 1348 qui faucha la moitié de la population. Une véritable hécatombe ! S’ensuivit un pouvoir instable, et une succession de tyrans avant que Sienne ne soit offerte en trophée par Philippe II d’Espagne à Cosme Ier de Médicis en 1555. Sienne devint dès lors une ville secondaire.

Cette longue histoire de Sienne se découvre à pied. On monte et on descend au gré des quartiers, au gré des rues où se succèdent places, églises, couvents et palais. Partout, la brique rouge, elle découpe clairement les volumes des façades mais accueille aussi un riche répertoire de balcons et de portails en pierre. Quels contrastes ! La peinture est le second informateur du génie artistique siennois et Guido da Siena, Duccio, Simone Martini, Lippo Memmi ou de Pietro et Ambrogio Lorenzetti sont ses maîtres. Tous ont fait bon usage de l’or, d’une palette vive voire acide et de figures délicates et précieuses. La Piazza del Campo parle de tout cela. Cette place unique se présente sous la forme d’une gigantesque conque barrée le Palazzo Pubblico auquel fait face une courbe formée d’une succession de palais. Le sentiment d’inclusion est total. Cette place élégante incarne la cité tout entière. Deux fois par ans depuis des siècles s’y déroule le « palio », une folle course de chevaux plus proche d’une joute archaïque que du prix de l’Arc de Triomphe. Ainsi de la peinture siennoise au palio, Sienne nous rappelle que pour saisir la beauté il suffit d’ouvrir les yeux.


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


À lire pour aller plus loin :

Patrick Boucheron, Conjurer la peur. Essai sur la force politique des images, Seuil, 2013.

Timothy Hyman, La Peinture siennoise, Thames & Hudson, 2007 (récit de voyage).

Hisham Matar, Un mois à Sienne, Gallimard, 2019.

De Sienne à Florence. Les Primitifs italiens. Catalogue d’exposition, Musée Jacquemart André, 2009.

André Suares, Le voyage du condottiere. Vers Venise, Fiorenza, Sienne la bien-aimée. (récit de voyage).



jeudi 17 août 2023 à 10:00

Fabrice Delbarre

Formulaire d'inscription