Le Petit Trianon : un refuge pour Marie-Antoinette

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« Vous aimez les fleurs, Madame. J’ai un bouquet à vous offrir », aurait dit Louis XVI à Marie-Antoinette, trouvant dans cet écrin un refuge à proximité de son intimidante chambre de parade du château de Versailles. C’est pourtant pour une autre femme qu’Ange-Jacques Gabriel édifia ce chef-d’œuvre néoclassique à la demande du roi Louis XV pour abriter ses amours avec Madame de Pompadour. Cette dernière ne le voyant pas achevé avant son décès, c’est Madame du Barry qui y prendra place avant de devoir quitter les lieux à la mort du roi.

Après les lignes sinueuses du style Rocaille, la découverte des vestiges d’Herculanum et Pompéi contribue à renouveler le goût pour les ordres antiques et la rigueur des temples grecs. Dans le mobilier, le piétement en patte de biche cède la place à des colonnes cannelées et les courbes des dossiers disparaissent au profit de motifs répétitifs issus du répertoire architectural.

Marie-Antoinette laissera son empreinte dans ces lieux qui demeurent inextricablement liés à sa personne. Sa recherche d’intimité qui culmine dans le caractère novateur de son cabinet des glaces mouvantes donnera lieu aux rumeurs les plus sombres. Mais l’insouciance de la jeune reine la détourne du château pour contempler depuis la fenêtre de sa chambre le Temple de l’amour qu’elle fait ériger par Richard Mique. Architecte du roi, il bâtira également un belvédère précédé de sphinges, le théâtre et le hameau de la reine. Le caractère symétrique des jardins à la française de Le Nôtre qui témoignaient du triomphe de Louis XIV est passé de mode et Marie-Antoinette succombe au charme des jardins à l’anglaise aux allées sinueuses. 

Le Petit Trianon permet d’évoquer cette jeune reine au destin tragique à travers le raffinement de ces espaces qui seront vidés à la Révolution, l’élégance du mobilier et des tissus, ainsi que la délicatesse de la porcelaine de Sèvres.


Votre conférencière :

Anne Vuillemard-Jenn est docteur en histoire de l’art, enseignante et chercheur indépendant. Membre du Groupe de Recherches sur la Peinture Murale, elle poursuit des recherches sur la polychromie architecturale et la peinture monumentale.


Les dates à retenir :

1762-1768 : construction du Petit Trianon.

1764 : mort de Madame de Pompadour.

1774 : mort de Louis XV.

1782-1783 : construction du hameau de la Reine.

24 juillet 1788 : dernier dîner du couple royal dans la grande salle à manger.

1775 : construction de l’hôtel de Poissac à Bordeaux, inspiré par le Petit Trianon.

2006-2008 : restauration du Petit Trianon.


À lire pour aller plus loin :

Christian Baulez, Visite du Petit Trianon et du Hameau de la Reine, Paris, Éditions Art Lys, 1996.

Pierre Arizzoli-Clémentel, L'Album de Marie-Antoinette : Vues et plans du Petit Trianon à Versailles, Alain de Gourcuff, 2008.

Les paradis secrets de Marie-Antoinette. Le hameau de la reine et le Petit Trianon, Albin Michel, Château de Versailles.


jeudi 19 juin 2025 à 18:00

Anne Vuillemard

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