Andrea Palladio, l'homme qui bouleversa l’architecture occidentale

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02_Histoire de l’art

Andrea di Pietro, dit Palladio, est né en 1508 à Padoue où son père était meunier. Il fut d’abord apprenti chez un tailleur de pierre de Vicence, et exerça son métier d’artisan quelques années avant de faire la rencontre en 1537 d’un humaniste de Vicence féru d’architecture. Sa trajectoire professionnelle en fut bouleversée ! En quelques années, Andrea s’investit dans l’étude afin de posséder une connaissance approfondie de l’architecture antique et moderne puis de devenir l’architecte et le théoricien du classicisme par excellence. Ce qui arriva.

Si l’on regarde de plus près l’activité débordante d’Andrea Palladio, on constate toutefois qu’elle fut limitée au petit monde de la Vénétie, c’est là qu’il réalisa plus d’une cinquantaine d’ouvrages en quarante ans d’activité : palais, villas, édifices religieux et civils. Durant les trente premières années de sa carrière, son activité se concentra autour de Vicence mais l’évidence répétée de son talent devait le conduire à Venise. Là-bas, après d’importantes commandes, Palladio fut nommé « Architecte en chef » de la Sérénissime, une charge prestigieuse.

L'ascension artistique d’Andrea nous interroge. Si l’on en croit Giorgio Vasari, Palladio était un homme « de nature affable qui séduit tout le monde ». Pourtant, à cette amabilité répondait une attitude inflexible dans la pratique de son art et dans ses choix esthétiques car Palladio était avant tout un créateur. Ainsi, ces deux qualités - séducteur et créateur -et bien d’autres contribuèrent à faire de lui un des plus grands innovateurs de l’histoire de l’architecture occidentale. Remarquons aussi que si Andrea Palladio se présente comme un créateur c’est qu’au milieu du XVIème siècle son « geste architectural » est incontestablement innovant. En quelques mots, on peut dire qu’il repose sur la clarté de la composition, sur l’importante donnée à la surface, sur le contraste entre l’ombre et la luminosité et sur une parfaite géométrie architecturale. Sans oublier les références à l’architecture antique dont Palladio était un fin connaisseur. Ajoutons à cette liste non exhaustive un goût marqué pour la brique stuquée plutôt que pour le marbre dur et rappelons pour finir son usage limité de l’ornement. La Villa Rotonda de Vicence (v. 1566) comme l’église San Giorgio Maggiore de Venise (v.1566) sont admirées pour tout cela. En 1580, après sa mort, Palladio laissa derrière lui une oeuvre magistrale en partie inachevée. Il légua aussi à l’histoire de l’architecture un fabuleux traité, les « Quatre livres de l’architecture » (1570). Aux XVIIIe siècle et XIXe siècle, ce traité ambitieux illustré de planches très détaillées joua un rôle important dans le regard porté par les architectes modernes sur l’interprétation de l’Antiquité via l’oeil de Palladio. Ce traité contribua à « universaliser » le style de Palladio ou du moins l’idée que l’on s’en faisait à un moment donné comme en témoignent deux célèbres édifices : le Palais de Peterhof à Saint-Petersbourg et la Maison Blanche à Washington.


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

1508, naissance le 30 novembre d’Andrea di Pietro dit Palladio à Padoue.

1521, apprentissage de Palladio chez Bartolomeo Cavazza.

1534, Palladio épouse Allegradonna, fille d’un charpentier.

1537, Palladio fait la connaissance de l’humaniste Giangiorgio Trissino.

1537-1542, Palladio réalise la villa Godi, sa première oeuvre en tant qu’architecte indépendant.

1541, premier voyage à Rome en compagnie de Trissino.

1549-1556, Palladio réalise sept villas et palais à Vicence.

1566, début de la construction de San Giorgio Maggiore à Venise et de la villa Rotonda à Vicence.

1570, publication des « Quatre Livres de l’Architecture » à Venise.

1580, mort d’Andrea Palladio le 19 août.


À lire pour aller plus loin :

James Sloss Ackerman, Palladio, 1991, Macula.

André Chastel, Palladiana, Gallimard, 1995.

Caroline Constant, Guide Palladio. Vicence, Venise, la Vénétie, Hazan, 1987.

Bruce Bouchet, Palladio. De Venise à la Vénétie. Citadelles-Mazenod, 1994.



lundi 17 juillet 2023 à 10:00

Fabrice Delbarre

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